[Avis Lecture] L’Ombre d’un père – Christoph Hein

Points

Contemporain / Historique

Ma note : 15/20

Crédit photo : @camladustylibrary

Dernier roman de la sélection du Prix du Meilleur Roman des Lecteurs Points 2021, L’Ombre d’un père porte incroyablement bien son titre. Dans ce récit teinté de Seconde Guerre mondiale, le narrateur raconte sa vie hantée par le fantôme de son nazi de père. Une histoire touchante. 

Le Pitch

Konstantin est un jeune garçon qui n’a jamais connu son père. En effet, celui-ci est mort juste avant sa naissance à la fin de la guerre. Très vite, il s’aperçoit que lui, son frère et sa mère sont traités différemment dans la ville. Ils sont des parias que l’on rejette. Ils sont la famille de ce général SS, Müller, qui a été pendu pour crime de guerre. Malgré le changement de leur nom de famille pour prendre celui de jeune fille de leur mère, rien n’y fait. Ils sont condamnés à vivre dans l’ombre de ce criminel de père qui souhaitait transformer son usine en camp de concentration.

Malgré de brillants résultats à l’école, Konstantin se voit refuser son entrée au lycée pour passer son bac. Toutes les portes de son avenir se ferment devant lui à cause de son défunt père. Il décide alors de fuir l’Allemagne de l’Est pour aller à Marseille. C’est le début de son émancipation, loin de toute influence infernale de son géniteur. Mais quoiqu’il fasse, où qu’il aille, le fantôme de son père resurgit constamment pour lui mettre des bâtons dans les roues.

Mon Avis

Au début, j’ai été un peu déstabilisée par l’écriture. Tout d’une traite, sans ponctuation de dialogue (tiret, guillemets, saut de ligne, etc.). Tout est en un seul bloc compact de presque 500 pages, sans chapitre. Ce qui donne une sensation d’étouffement. D’un côté, je me rends compte que ça sert incroyablement bien le récit, cette sensation de pesanteur, car c’est exactement ce que ressent le narrateur. Et puis finalement, on s’y fait à cette narration et ça glisse tout seul. Un peu comme quand on va se baigner dans la mer, on entre difficilement parce que c’est froid et au bout d’un moment, on trouve l’eau plutôt bonne. 

C’est un roman fleuve où l’on va suivre Konstantin tout au long de sa vie. Il n’y a rien d’extraordinaire, ce n’est pas un blockbuster hollywoodien plein de rebondissements. Mais il y a quelque chose qui nous fait revenir avec plaisir dans l’histoire. On s’attache au personnage. Personnellement, j’ai beaucoup aimé Konstantin et j’avais envie de lui dire “ça va aller, tu vas t’en sortir !”. 

J’ai apprécié le thème de la Seconde Guerre mondiale traité du point de vue de l’après et des conséquences sur la vie de la descendance. Car les nazis ont aussi fait des victimes parmi les leurs. A un moment du livre, un personnage dit à Konstantin cette phrase incroyablement juste qui résume bien le roman : “Tu n’es pas le fils de ton père, tu es sa dernière victime”. 

C’était un beau roman, une belle lecture qui m’a touché et dont je me souviendrais avec une pointe de nostalgie. Je vous le recommande si la thématique vous intéresse et si vous n’avez pas peur des sympathiques pavés. 

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Titre : L'Ombre d'un père
Auteur : Christoph Hein
Edition : Points
Nombre de pages : 480
Prix : 8,60 €
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